FAQ

Quelques réponses à des questions que se posent parfois celles et ceux qui souhaitent nous rejoindre ou qui viennent de le faire

À quoi on joue ? Et qui s’y colle ?

Tu es sur le point d’adhérer ou tu viens d’adhérer à la CNT.

Notre organisation syndicale possède un mode de fonctionnement que chaque adhérent-e doit pouvoir connaître puisque notre volonté est d’associer chacun-e aux prises de décision et de répartir les tâches et les responsabilités.

L’originalité de notre organisation syndicale tient à la mise en pratique de ce constat:

**Puisque personne ne travaille à ta place, que personne ne décide à
ta place**.

Chacun-e dans l’organisation syndicale a les mêmes droits et les mêmes devoirs.

La remise en cause de cette pratique ainsi que la création par d’autres organisations syndicales d’une bureaucratie, de détaché-e-s à plein temps et de permanent-e-s inamovibles a conduit les salarié-e-s à repousser en masse le choix de se syndiquer (en France, 6 à 7% seulement des salarié-e-s sont syndiqué-e-s).

Ainsi, la mise en place de ce corps de permanents syndicaux (soi-disant pour accroître l’efficacité de l’organisation syndicale) a abouti aux résultats contraires :

  • éloigner l’adhérent-e du syndicat en lui retirant tous les pouvoirs de décision et de participation à l’action syndicale,

  • faire du/de la permanent-e syndical-e un corps étranger au monde du travail et à ses aspirations, monde auquel il/elle ne comprend plus rien puisqu’il/elle n’en partage plus le quotidien.

Tu trouveras ci-dessous l’article 1 de nos statuts confédéraux.

La lecture de cet article est indispensable pour que chacun-e soit à même de juger des choix fondateurs de notre organisation syndicale et de décider d’y adhérer ou non.

Article 1 des statuts confédéraux de la CNT

La Confédération Nationale du Travail a pour but:

  • De grouper, sur le terrain spécifiquement économique, sans autre forme de discrimination, pour la défense de leurs intérêts matériels et moraux, tous les travailleurs/ses à l’exception des employeurs/ses et des forces répressives de l’État considéré-e-s comme des ennemi-e-s des travailleurs/ses.

  • De poursuivre, par la lutte de classes et l’action directe, la libération des travailleurs/ses qui ne sera réalisée que par la transformation totale de la société actuelle.

Elle précise que cette transformation ne s’accomplira que par la suppression du salariat et du patronat, par la syndicalisation des moyens de production, de répartition, d’échange et de consommation, et le remplacement de l’État par un organisme issu du syndicalisme lui-même et géré par l’ensemble de la société.

La Confédération Nationale du Travail reposant sur le producteur/trice, garantit à celui/celle-ci la direction de l’organisation des travailleurs/ses.

Elle est indépendante de tout type d’organisation politique, religieuse ou autre; ce qui implique que tout-e adhérent-e ne peut agir à la CNT au nom d’autres organisations.

La CNT, préconisant l’internationalisme comme moyen d’émancipation, collabore à l’étude des questions sociales et économiques et œuvre à la libération des travailleurs/ses, à l’échelle internationale.

La CNT développe la culture, l’instruction et la conscience de classe des travailleurs/ses et entretient la solidarité parmi eux/elles.

En termes de modalités de prise de décision, les personnes ne nous connaissant pas ou peu pensent parfois que nous n’avons jamais recours au vote. Cela est inexact. Dans les réunions intersyndicales, dans les assemblées générales de salarié-e-s, dans toutes les instances de notre organisation (congrès confédéraux, fédéraux, réunions d’union régionale, réunions de syndicat ou réunions de section…), nous avons recours au vote dès que ce procédé est nécessaire pour trancher.

Il est vrai que nous ne mettons pas la charrue avant les bœufs et que la possibilité du vote ne doit pas faire oublier d’épuiser le débat qui lui seul permet d’arriver à un accord, si ce n’est à un consensus toujours souhaitable.

La CNT, un syndicat représentatif ou non représentatif ?

La position de la CNT face aux IRP (Instances Représentatives du Personnel) est fondée à la fois sur des principes de fonctionnement et une approche pratique due aux évolutions de la législation.

Le principe fondamental pour la CNT dans son analyse des IRP est son refus de la délégation de pouvoir et de la démocratie représentative, puisqu’elle défend l’autogestion (dénommée aussi démocratie directe ) dans son organisation interne et dans ses pratiques de lutte: mandatement, révocabilité, partage et rotation des tâches, refus des spécialisations ainsi que des permanent-e-s ou salarié-e-s de syndicats.

La CNT refuse également la cogestion, au sens du mythe d’un possible intérêt commun entre le Capital et le Travail, entre patrons et salarié-e-s.

L’approche pratique est celle de pouvoir exister syndicalement dans les lieux de travail, voire de protéger ses militant-e-s contre la répression patronale. De ce fait, la CNT a longtemps privilégié le mandat de DS (délégué-e syndical-e), tout en critiquant et se méfiant ouvertement des IRP électives (DP et délégué-e au CE).

La CNT a ensuite accepté, pour des raisons de protection et d’implantation syndicale, le recours aux DP (délégué-e du personnel). Elle a refusé en revanche le plus longtemps possible la participation au CE (comité d’entreprise), sauf exceptions réellement justifiées.

Mais la loi du 20 août 2008 de refonte du droit syndical l’a forcée à aménager son positionnement. En effet, cette loi conditionne l’existence des syndicats à la participation aux élections professionnelles, et notamment au CE.

C’est l’objet du congrès de Lille de 2008 qui, tout en maintenant la critique des IRP électives et en rappelant les principes fondateurs de la CNT, prend acte de cette loi et accepte la présentation aux élections de DP et CE. Avec comme réserve de faire des bilans réguliers de cette participation et de chercher les moyens d’éviter les dérives de délégation de pouvoir et de cogestion que cela pourrait entraîner.

Dans le secteur public, la représentativité juridique s’acquiert par les résultats obtenus aux élections professionnelles. En l’état actuel de nos prises de décisions confédérales, seules les fédérations CNT estimant que leur existence est en danger et/ou que leurs militant-e-s sont menacé-e-s peuvent présenter des listes à ces élections.

Néanmoins, même s’ils n’ont pas d’élu-e-s au sein des commissions paritaires, tous les syndicats CNT du secteur public possèdent des droits a minima dans les établissements où ils sont implantés : droit d’afficher, de distribuer des tracts syndicaux, d’utiliser le local syndical commun, d’organiser des réunions d’informations syndicales à l’intérieur de l’établissement (en dehors des heures de travail des participant-e-s et même pendant lorsque le rapport de force nous est localement favorable !).

Dans le secteur privé, la loi portant rénovation de la démocratie sociale et réforme du temps de travail , effective depuis le 20 août 2008, a refondé la notion de représentativité dans les entreprises.

Sans rentrer dans les débats politiques et idéologiques sur les motivations générales de cette loi, largement critiquables (cf. la motion votée au congrès confédéral CNT de septembre 2008), il est un élément qui pour la CNT constitue une certaine forme d’avancée.

Il s’agit du ou de la RSS (représentant-e de la section syndicale) .

En effet, avant la loi de 2008, seules cinq organisations syndicales bénéficiaient automatiquement de la représentativité syndicale dans toutes les entreprises et quel que soit leur nombre d’adhérent-e-s. Elles pouvaient donc désigner des DS sans risquer de voir leurs désignations contestées.

Par contre, pour qu’un syndicat comme la CNT puisse exister légalement dans une entreprise, il fallait créer une section plus ou moins clandestine, s’assurer de remplir les critères de représentativité (activité, ancienneté et nombre d’adhérent-e-s notamment) et désigner un-e DS.

Mais cette désignation était très souvent attaquée par l’employeur devant un tribunal d’instance pour non-représentativité du syndicat. Depuis le 20 août 2008, tous les syndicats, y-compris les syndicats non représentatifs nationalement ou dans la branche d’industrie concernée, peuvent constituer légalement une section syndicale.

Seules quatre conditions sont exigées:

  • l’indépendance ;

  • le respect des valeurs républicaines * ;

  • être affilié à un syndicat légalement constitué depuis au moins deux ans et comprenant l’entreprise dans son champ professionnel et géographique ;

  • avoir plusieurs adhérent-e-s dans l’entreprise.

Dans la foulée, un-e représentant-e de la section syndicale (RSS) est désigné-e.

D’autre part, lors des élections professionnelles (dans les entreprises comptant au moins 11 salarié-e-s), la CNT a la possibilité de présenter une liste. Si cette liste obtient au moins 10% des voix, la CNT est déclarée représentative dans l’entreprise et elle peut désigner un-e DS (délégué-e syndical-e).

Concernant le respect des valeurs républicaines , plusieurs employeurs ont tenté de contester la déclaration d’une section CNT au sein de leur entreprise en arguant du fait, auprès d’un tribunal d’instance, que la CNT ne satisfaisait pas à ce critère.

Mais, à chaque fois, ces employeurs ont été déboutés par la Justice et ces jugements font maintenant jurisprudence.

La CNT, un syndicat politique ? La CNT, un syndicat apolitique ?

Pendant des décennies, l’impérialisme des partis politiques au sein du mouvement social a fait de gros dégâts. La CNT n’a jamais partagé cette vision des choses car, pour nous, le syndicalisme n’est pas un mode mineur. Il semblerait qu’aujourd’hui, de plus en plus nombreux, sont ceux et celles qui pensent, avec raison, pouvoir se passer de l’avis de toutes les avant-gardes plus ou moins éclairées.

Reprenant à son compte la Charte d’Amiens, à laquelle d’autres organisations syndicales actuelles ont aussi adhéré en leur temps, la CNT déclare que le syndicat, aujourd’hui groupement de résistance, sera dans l’avenir, le groupement de production et de répartition, base de la réorganisation sociale .

Cela ne signifie donc pas que la CNT n’a pas d’action politique. Elle dénie le droit aux partis politiques de s’arroger le pouvoir de transformer la société. Tout membre de la CNT a le droit d’adhérer (ou non) à un parti politique, mais les partis politiques n’ont aucun droit à l’intérieur de l’organisation syndicale. Un article des statuts d’un syndicat CNT de la région parisienne résume bien cette distinction: Le syndicat s’autorise dans ses réunions toute analyse de la situation politique, économique, sociale, culturelle française et internationale. Mais s’interdit toute adhésion à des organisations politiques, philosophiques ou religieuses .

Notre organisation se revendique de l’anarcho-syndicalisme et du syndicalisme révolutionnaire. Cela signifie qu’elle perpétue la forme de syndicalisme fondatrice de la CGT en France. Avant d’être déchirée puis asservie par des partis politiques tenant du communisme autoritaire ou de la social-démocratie, la CGT s’est développée sur des principes que, nous, nous n’avons pas reniés (autonomie des syndicats, fédéralisme, indépendance du mouvement social vis à vis des partis, participation de tou-te-s les syndiqué-e-s à la conduite de l’organisation, gestion directe des luttes par les travailleurs-ses eux/elles-mêmes…).

Sur certaines analyses de la société: existence de classes antagonistes, réalité de la lutte des classes, rôle néfaste du capitalisme, du libéralisme

( la loi de la jungle ) et sur certains terrains de luttes (contre le fascisme, l’extrême-droite, le nationalisme et le militarisme, pour les droits des femmes, les droits des LGBT, le droit au logement pour tou-te-s, etc…), la CNT peut côtoyer les organisations politiques dites de gauche ou d’extrême gauche. Pour autant, la CNT garde une stricte indépendance et autonomie vis à vis de tous ces mouvements politiques.

Si chacun-e à la CNT est libre d’adhérer (ou non) à une organisation politique, personne ne peut se prévaloir de ce type d’adhésion pour ce qui concerne son activité syndicale.

Ces organisations n’ont aucun droit, pouvoir ou influence à l’intérieur de l’organisation syndicale. Le corollaire est que dans toute action menée par une organisation politique à laquelle il appartiendrait, le/la syndiqué-e CNT ne peut se prévaloir de son adhésion ou d’un mandat syndical qu’il aurait dans notre confédération.

Exemple : un-e cénétiste qui, à titre individuel, aurait décidé de se présenter à un scrutin politique ne peut se revendiquer de son appartenance à la CNT et encore moins d’un mandat syndical de secrétaire de tel ou tel syndicat. De plus, conformément aux statuts, il/elle devra abandonner ses mandats syndicaux (mais sans avoir à résilier son adhésion individuelle).

La CNT, un syndicat anarchiste ? La CNT, un syndicat d’anarchistes ?

Ce qui est vrai, c’est qu’au début du XXe siècle, deux courants d’égale importance existaient dans le mouvement social.

L’un autoritaire (qui donnera corps à un parti comme le PCF), l’autre anti-autoritaire qui perdra malheureusement une grande partie de son influence après la première guerre mondiale avec l’accession au pouvoir des communistes autoritaires en Russie (accession au pouvoir qui deviendra pendant plusieurs décennies le modèle imposé au prolétariat international).

Pourtant, la tendance anti-autoritaire, même affaiblie, a continué d’exister et a même donné à la mémoire sociale internationale des témoignages vivants qu’il était possible de révolutionner une société sans aboutir au goulag.

Par opposition à ce système aberrant d’exploitation et d’asservissement qui a caractérisé le communisme autoritaire, la CNT fait référence dans sa charte de 1946 au communisme libre et, dans des textes d’orientation plus récents, au communisme libertaire .

Au début du XXe siècle, des anarchistes fermement opposé-e-s à l’autoritarisme et à l’étatisme ont compris que le syndicalisme était la forme d’organisation qui permettait le mieux d’offrir à chacun la faculté de prendre en main son destin. Ils/elles ont donc adhéré en nombre à la CGT et contribué à son développement, avant que cette confédération ne soit reprise en main par les communistes autoritaires.

À cette même époque, d’autres travailleurs-ses qui ne portaient pas cette référence au mouvement anarchiste (à savoir des syndicalistes révolutionnaires et des communistes non autoritaires) ont aussi apporté leur pierre à la construction de notre confédération. Plus généralement, tous ceux et toutes celles qui, sans présupposé, ont trouvé au sein de la CNT un projet social proche de leurs intérêts de classe, de leurs préoccupations, un mode d’organisation qu’ils/elles ont testé et pratiqué à l’épreuve de leurs luttes et des nécessités, un outil quotidien et nécessaire pour résister, tout de suite, pour changer leur vie, pas simplement dans l’idéal, dans le futur, mais dès demain matin ou au plus tard cet après midi, parce qu’il y a urgence, ont enrichi notre expérience, affiné nos analyses et élargi nos horizons.

Comment, quand on est un soi-disant spécialiste de l’histoire du mouvement syndical, social et politique en France, peut-on ignorer à ce point la réalité, à savoir que les organisations politiques anarchistes sont très divisées sur l’intérêt pour leurs adhérent-e-s de se syndiquer ou non, et que parmi les anarchistes qui choisissent de se syndiquer, certains-aines le font à la CGT, d’autres à F0, d’autres encore à la FSU, à SUD ou à la CNT.

Depuis de nombreuses années, les salarié-e-s qui adhérent à la CNT le font sur la base de l’originalité de son projet syndical et de sa pratique autogestionnaire, et non pas sur la proximité avec une quelconque organisation politique (y compris anarchiste).

On voit donc que CNT, syndicat anarchiste , c’est assez fantaisiste et un peu court comme description de la réalité de notre organisation.

L’autonomie ouvrière, c’est quoi ?

Si l’expression d’autonomie ouvrière a connu son heure de gloire dans les années 1970, la réalité qu’elle recouvre est plus ancienne.

Les syndicats de la CNT s’y réfèrent dans le sens où l’autonomie ouvrière signifie l’organisation libre, indépendante et autonome des exploité-e-s.

Tu auras reconnu bien sûr la devise de la première internationale : L’émancipation des travailleurs sera l’œuvre des travailleurs eux-mêmes .

Pour la CNT, si la classe des exploité-e-s ne doit rien à personne, elle ne doit pas non plus attendre quoi que ce soit de l’État, de ses institutions ou rouages, y compris des élections, du patronat, des organisations politiques ou des intellectuels qui parlent soi-disant au nom de tou-te-s.

Puisque personne ne travaille à ta place, que personne ne décide pour toi, que personne ne parle pour toi !

Pour la CNT, l’autonomie ne se conçoit qu’ancrée dans les quartiers, les lieux de travail. Elle n’a de valeur que si elle est en contact continu avec la population, s’organisant de façon temporaire ou permanente dans et avec le syndicat.

Que cette auto-organisation prenne une forme violente ou pas est annexe comme nous le verrons ultérieurement. L’essentiel pour nous est qu’elle soit démocratique et qu’elle redonne aux individu-e-s la volonté de lutter collectivement, dans un esprit de solidarité et non d’assistanat.

La CNT, un syndicat extrémiste ?

Le projet de justice sociale, de gestion directe des travailleurs-ses, ce communisme libertaire auquel fait référence la CNT n’est évidemment pas compatible avec l’organisation actuelle de la société basée sur l’exploitation du plus grand nombre par une minorité de nanti-e-s.

La révolution sociale ne peut donc se suffire d’un simple coup de peinture sur un édifice fondé sur l’injustice permanente. En ce sens, la CNT est un syndicat révolutionnaire qui veut mettre en place un changement radical de société. Elle n’est pas simplement réformiste.

Si extrémiste signifie surenchère démagogique, jusqu’auboutisme, refus de toute avancée sociale, refus de toute amélioration des conditions de travail ou d’existence, alors il est clair que la CNT n’est pas extrémiste.

Toute avancée sociale, tout nouveau droit acquis par les travailleurs-ses sont bons à prendre, même s’ils ne changent pas complètement et immédiatement le désordre établi. Ceux et celles qui qualifient la CNT de syndicat extrémiste préfèrent encore une fois la facilité du lieu commun à l’analyse des faits.

L’examen rigoureux des terrains de luttes dans lesquels les syndicats et les adhérent-e-s de la CNT sont engagé-e-s le montre. Amélioration des conditions de travail, lutte contre la précarité, le chômage, pour l’augmentation des plus bas salaires, tout ce qui a pu être obtenu, tout ce qui a été tenté ne saurait suffire à remettre en cause complètement la société actuelle. Pourtant, chaque fois qu’ils-elles l’ont pu, les cénétistes ont pris leur part dans ces luttes.

De plus, chaque fois que des travailleurs-ses obtiennent quelque chose par eux/elles-mêmes, grâce à leur détermination, leur solidarité et leur unité, c’est un peu de confiance qu’ils reprennent en eux/elles-mêmes, un pas en avant vers la prise de conscience de la nécessité de l’action commune, de la force de la solidarité.

La CNT, un syndicat illégaliste ?

Les lois et particulièrement les lois dites sociales ne sont qu’une réglementation des rapports sociaux à un moment donné. Une photographie d’un rapport de force actuel dans la lutte des classes.

Les lois évoluent au fur et à mesure et au gré du poid des forces antagonistes en présence. Quand le patronat et ses alliés sont forts, des lois antisociales sont votées. Quand le mouvement social a su se mobiliser pour faire valoir ses intérêts, la loi ne vient alors qu’enregistrer un droit que ce mouvement social a, en fait, imposé.

La lutte contre une loi et la pratique de l’illégalité peuvent donc être une nécessité pour faire avancer les droits du plus grand nombre.

Les cénétistes ne sont d’ailleurs pas les seuls à avoir choisi, en certaines circonstances, de lutter contre une loi ou de la transgresser.

De la désobéissance civile prônée par Gandhi en Inde à la résistance illégale pratiquée pendant les années noires de l’État français, des réquisitions de logements vides à la revendication publique d’avoir avorté (quand c’était encore un délit), les exemples sont nombreux d’actions illégales, mais combien légitimes, qui ont conduit à des libérations.

Erigée en simple principe absolu, vide de sens, en dehors de tout contexte, la lutte contre les lois pour elle-même, comme fin en soi, n’a pas d’intérêt pour nous anarcho-syndicalistes et syndicalistes révolutionnaires. Encore une fois, ceux et celles qui ne veulent voir dans la CNT qu’une organisation d’illégalistes feraient mieux de constater que la plus grande partie de notre activité syndicale quotidienne consiste à essayer de faire respecter des lois, notamment les lois du travail et que l’on verra plus certainement les syndicalistes de la CNT plongé-e-s dans le code du travail (dont ils-elles connaissent aussi les limites) que dans un quelconque bréviaire anarchiste fantasmatique.

La CNT, un syndicat violent ?

La CNT organise les travailleurs-ses victimes de l’extrême violence des rapports économiques et sociaux générée par la société capitaliste. Les premières violences et la véritable insécurité ce sont l’exploitation, le licenciement, le chômage, la précarité, la misère, la faim, la perte du logement.., bref le quotidien de millions d’entre nous.

Quand, dans l’Histoire, celles et ceux qui étaient asservi-e-s se sont dressé-e-s pour se faire respecter, pour faire valoir leurs droits, ils-elles ont eu à faire non à des interlocuteurs-trices bienveillant-e-s, des hommes et femmes de dialogue , mais à des forces de répression. C’est bien plus souvent la matraque (ou le fusil) qui sert d’argument aux classes possédantes.

La réplique violente et collective à la répression, à l’asservissement, est bien évidemment légitime. C’est même un réflexe naturel, à moins de prôner le masochisme ou la soumission comme forme de réponse à la violence étatique ou patronale. On peut feindre de le regretter, on peut faire semblant de l’ignorer, mais si les serfs d’autrefois s’étaient contenté-e-s de chanter des Carmagnoles, nous viverions sans doute encore sous le règne de la féodalité.

L’utilisation de la violence par les exploité-e-s n’est donc pas un choix moral fait par des individus en dehors de tout contexte économique ou politique. C’est souvent la réponse imposée par l’intransigeance des exploiteurs.

Ce recours obligé à la violence n’a rien à voir avec le terrorisme, qui n’est que l’utilisation individuelle, aveugle, d’actions violentes au service des intérêts ou des délires politiques de groupuscules qui s’autoproclament révolutionnaires ou d’avant-garde.

Pour autant, l’amalgame entre actions violentes et actions terroristes est depuis toujours une spécialité des médias quand ils sont au service des forces réactionnaires. À en lire la presse française des années 1940-1944, l’histoire de la Résistance n’est que la litanie des actions violentes menées par ceux et celles que le pouvoir qualifiait alors de terroristes .

La CNT, on l’aura compris, n’est ni violente ni non-violente . Elle tente d’organiser les travailleurs-ses pour leur émancipation et n’a donc pas pour projet de les désarmer face à des adversaires qui n’ont, eux, aucun scrupule pour les réprimer.

Elle n’est évidemment pas non plus le réceptacle naturel de tous celles et ceux pour qui l’usage des armes ou de la violence tient lieu de réflexion et de pratique émancipatrice.

La CNT, une organisation spontanéiste ? basiste ? assembléiste ?

Tous ces qualificatifs recouvrent en partie le mode de fonctionnement de la CNT. Aucun n’est suffisant.

Spontanéiste ? Oui, s’il s’agit de la liberté de décider sans subir la pression d’une organisation politique ou d’un quelconque groupe constitué extérieur à la CNT. Certainement pas si cela doit signifier que nous décidons individuellement, sans réflexion collective préalable, sans recherche d’une identité de vue ou d’un accord sur les décisions à prendre.

Primauté de l’individu ou du collectif ? À l’intérieur du syndicat, la voix et l’opinion de n’importe quel-le adhérent-e vaut la voix de n’importe quel-le autre. Le principe est simple : pas de membres d’honneur, pas de voix prépondérante, un individu = une voix. Par contre, dès lors qu’il s’agit de l’activité confédérale et à tous les niveaux d’organisation de cette confédération (union régionale de syndicats, union locale de syndicats, fédération de syndicats de branche, confédération de syndicats), le principe est collectif (un syndicat = une voix).

La CNT est une confédération de syndicats et non une simple association d’individus. Les débats qui la traversent sont toujours issus de la réflexion collective des syndicats.

Le congrès confédéral de la CNT, qui se tient tous les deux ans, n’est pas une sorte de grande assemblée générale d’individus où chacun pourrait parler et décider en son nom propre.

Il en est de même pour les congrès régionaux de syndicats. L’un et l’autre réunissent des délégué-e-s mandaté-e-s par leur syndicat qui débattent et décident au nom de leur syndicat et sous le contrôle de celui-ci. Ces délégué-e-s sont révocables à tout moment. Il n’y a pas de représentant-e permanent-e d’un syndicat. La rotation des tâches et des responsabilités est un principe de fonctionnement de notre organisation syndicale.

Personne ne peut passer par dessus l’avis donné par son syndicat pour faire prévaloir un avis personnel qui n’aurait pas été retenu par son organisation de base, le syndicat. Outre qu’il habitue chacun-e à débattre de ses choix avec les autres membres de son syndicat (ce qui est le moins que l’on puisse demander dans une organisation censée aboutir à des prises de décision collective), ralliant le plus grand nombre d’individus, ce mode de fonctionnement empêche que l’organisation syndicale ne devienne un terrain propice pour les ambitions ou les volontés de pouvoir de quelques individus.

On ne fait pas de carrière à la CNT. Il n’y a pas de pouvoir à prendre.

Il est consternant (ou comique) de voir que d’autres confédérations tolèrent ou s’habituent au fait que tel ou tel de leur responsable, généralement leur secrétaire confédéral, soit appelé par les médias le patron de leur organisation.

Basiste, assembléiste ?

Oui, quand cela fait référence au choix des assemblées générales décisionnelles comme mode d’organisation dans les luttes, dans les grèves. Oui, quand il s’agit de faire en sorte qu’aucune direction politique, qu’aucun mot d’ordre parachuté de l’extérieur ne viennent parasiter les décisions qu’ont à prendre les travailleurs-ses eux/elles-mêmes.

Non évidemment, quand il s’agit de court-circuiter l’organisation collective de base de la CNT qu’est le syndicat.

Le fédéralisme, c’est quoi ?

Confédération de syndicats, la CNT considère que le fédéralisme est une composante essentielle de son mode de fonctionnement.

Le fédéralisme s’oppose au centralisme .

Il signifie que ce sont toujours les syndicats, fédérés entre eux, qui décident, et non un bureau central dépositaire de la vérité révélée.

Les prises de décision se font en assemblée générale de syndicat. Les orientations de la confédération sont décidées en congrès de syndicats.

Le bureau confédéral qui y est élu est simplement mandaté pour veiller à l’application des orientations.

Ces décisions adoptées par tou-te-s ont été aussi proposées par les syndicats qui, quelques mois avant le congrès, ont déposé des motions.

Chez nous pas de texte d’orientation rédigé pour la base par des dirigeant-e-s ou par des courants et fractions.

Ce fonctionnement fédéral, sans base ni sommet, évite la mise en place d’instances de pouvoir, les différents bureaux élus (bureau confédéral, bureaux régionaux et fédéraux) ont pour mission de faire circuler l’information entre les syndicats, de coordonner les actions et de permettre l’application des décisions des syndicats.

Cela ne veut pas dire que chaque syndicat peut faire tout et n’importe quoi sans se soucier des autres.

Tout d’abord, chaque syndicat rencontre les autres syndicats dans les AG d’unions locales, d’unions régionales, dans les congrès fédéraux ou confédéraux.

Une fois qu’une décision y a été adoptée, elle est reconnue et appliquée par tous les syndicats concernés, sauf si il a été précisé que sur tel ou tel point le syndicat pouvait faire valoir son autonomie (par exemple l’appel d’un syndicat à une manifestation peut ne pas être suivi par une autre structure de la CNT). Au-delà de ces décisions de congrès, tous les syndicats sont liés entre eux par un pacte associatif qui définit l’autonomie de chacun et l’indispensable solidarité. La cohérence du fédéralisme est inscrite dans les statuts de la CNT que chaque syndicat s’engage à respecter en se confédérant. Ce sont ces statuts qui en dernier recours fixent la vie collective des syndicats.

La CNT, un groupement d’utopistes ?

Une utopie sociale pourrait être définie comme une théorie, un ensemble de constructions intellectuelles visant à organiser la société et qui n’a jamais été mis en pratique nulle part dans le passé ou dont la mise en application pour le présent ou le futur est jugée impossible, irréaliste, irréalisable.

D’un autre point de vue, ce peut être une vision même lointaine vers laquelle tend le combat humain et qui sert à la fois d’aiguillon, et d’étoile du berger qui, même inaccessible, est utile et utilisée pour garder un cap.

Jamais, nulle part ?

Occultées, ignorées par l’Histoire officielle, toujours refoulées par ceux et celles qui ont participé à leur anéantissement (l’alliance des réactionnaires nantis, des conservateurs, des socio-démocrates et des communistes autoritaires), des mises en pratique du communisme libertaire ont jalonné l’histoire contemporaine (de la Commune de Paris à la révolte de Cronstadt, des combats des partisans de Makhno aux soulèvements de Hongrie en 1956).

L’exemple le plus consistant de ces utopies vivantes reste, pour nous, la révolution sociale espagnole de 1936 à 1939.

Pendant cette période, des millions de prolétaires espagnol-e-s, levé-e-s contre le coup d’État fasciste de Franco, ont su trouver les énergies, l’imagination, les compétences et la générosité pour se battre, même abandonné-e-s du reste de l’Europe, contre le fascisme et le nazisme.

Malgré les pires conditions d’une situation de guerre, ils-elles ont su mettre en œuvre et organiser une société de type communiste libertaire, démontrant que ce projet d’organisation économique et politique pourtant complexe, pourtant exigeant en terme de participation de tous-tes au bien commun, était réalisable.

Nous sommes là loin de théories fumeuses, d’idéalismes généreux mais sans aucun lien avec la réalité quotidienne, de projets inapplicables, bref d’une utopie telle qu’on la définit habituellement dans son sens le plus réducteur. Oui, là, des milliers d’expériences ont vu le jour, collectivisant les terres dans un pays appartenant aux seuls grands propriétaires agraires, socialisant les entreprises et les fabriques, associant chaque producteur-trice qui le souhaitait à la gestion de son travail et au partage collectif des richesses qui en sont le fruit, autogérant (avant la lettre) les communautés humaines, villes et villages et trouvant encore les

ressources pour se battre sur tous les fronts contre les armées fascistes (espagnoles, allemandes ou italiennes).

Nous, anarcho-syndicalistes et syndicalistes révolutionnaires de la CNT, sommes armé-e-s de ces expériences, de cette mémoire, pour répondre à toutes celles et ceux qui ont prétendu, ou prétendent encore, que la révolution sociale est une chimère dont personne n’aurait jamais vu l’ombre du commencement, d’une mise en pratique.

Mais nous ne sommes pas pour autant les héritier-e-s de cette vivante utopie sociale. D’abord parce qu’un projet social pour un autre futur ne se met pas en place avec un patrimoine et des expériences historiques, même riches de leurs avancées et de leurs erreurs.

Sans passéisme ni nostalgie révolutionnaire romantique, conscient-e-s que l’histoire ne repasse jamais les mêmes plats, que les sociétés ont changé et que notre effort ne sera couronné de succès qu’à partir de nos luttes actuelles, de nos capacités à nous organiser aujourd’hui, nous restons indécrottablement des partageux -euses , certain-e-s qu’il n’y a pas de plus actuelle, de plus raisonnable, de plus exaltante modernité.

Qu’on tente de nous démontrer que cette aspiration est irréalisable et nous nous attachons quotidiennement à prouver le contraire.

Les plus acharné-e-s de nos détracteurs-trices savent bien que la révolution sociale est du domaine du possible. On comprend que pour protéger leurs coffres-forts, leurs actions, leurs pouvoirs et leurs privilèges, ils-elles n’aient de cesse de faire croire qu’il s’agit d’une chimère.

De peur que grossisse le nombre de ceux et celles qui réalisent qu’on peut et qu’on doit se passer de leur caste.

La CNT, une organisation corporatiste ?

Le fait que toute l’organisation de la CNT repose sur le syndicat professionnel pourrait peut-être le faire croire. Les syndiqué-e-s le sont en fonction de leur activité économique, de leur travail.

Quand on travaille à La Poste, on se syndique au syndicat PTT de son département.

Sommes-nous pour autant groupé-e-s par corporation ?

Le type de syndicat choisi par la CNT est le syndicat d’industrie et non le syndicat de métier.

Nous fonctionnons selon le principe un lieu = un syndicat .

L’ensemble des travailleurs-ses d’un même site (une entreprise, un établissement…) se retrouvent dans la même section et, au niveau du département, ils et elles sont dans le même syndicat. Ainsi, par exemple, un syndicat éducation regroupe des personnels de tous les degrés (de la maternelle à l’université), de tous les statuts (précaires ou fonctionnaires) et de tous les métiers (enseignant-e-s, psychologues scolaires, documentalistes, etc.).

Bien sûr, qu’on travaille dans l’enseignement public ou dans l’enseignement privé, c’est dans la même structure qu’on se retrouve. Cela évite ce corporatisme qui consiste à opposer un corps ou un statut à un autre. Nous appartenons tou-te-s à la même classe, celle des travailleurs-ses.

L’organisation de la CNT est donc non-corporatiste mais, de plus, elle combat ce corporatisme en mettant en avant la suppression des inégalités salariales et des hiérarchies.

Nous ne défendons pas un statut contre un autre.

C’est le sens de notre engagement incessant aux côtés des collègues précaires, non-titulaires…

La CNT, en plus des syndicats d’industrie (santé-social, métallurgie, collectivités territoriale…), a créé des syndicats dits interco , ou interpro ou des services et de l’industrie qui organisent des salarié-e-s qui ne sont pas encore assez nombreux-ses au sein de la CNT pour se déclarer en syndicat d’industrie. Dans ces intercos, les adhérent-e-s militent, comme tou-te-s les membres de la CNT, dans leur entreprise et bénéficient du soutien des autres adhérent-e-s en attendant de créer leur propre structure syndicale.

Mais le rôle des intercos n’est pas d’être l’alibi intercorporatiste pour les autres syndiqué-e-s de la CNT.

La CNT repose sur deux pieds : l’organisation des salarié-e-s sur leur lieu de travail (le syndicat) et leur organisation dans leur quartier (l’union locale).

Militer à la CNT, c’est sortir aussi de son entreprise pour agir dans son quartier et intervenir aux côtés des autres travailleurs-ses sur leur lieu de travail.

La CNT est une confédération de syndicats qui touchent tous les secteurs (privé, public, primaire, secondaire, tertiaire).

Dans les unions locales, dans les unions régionales… chacun-e rencontre des salarié-e-s d’autres secteurs et lutte avec eux/elles, leur file un coup de main.

C’est pratique – et efficace – par exemple pour distribuer des tracts lorsque telle ou telle section ne peut pas encore se montrer au grand jour face au patron.

Confédération ? Nationale ? du Travail ?

Quelques explications…

Confédération ?

Ce terme signifie que notre organisation confédère, c’est à dire regroupe, des syndicats de différents secteurs, de différentes régions.

A l’origine, la CGT d’avant 1914 (l’organisation syndicale dont nous nous réclamons sur le plan historique) s’est constituée en confédération par la fusion des Bourses du Travail (organisation des producteurs-trices en fonction de leur lieu d’habitation) et des syndicats (organisation économique sur le lieu de travail).

Nationale ?

À sa création en 1946, les militant-e-s ont choisi de nommer leur organisation Confédération Nationale du Travail en hommage bien sûr à la CNT espagnole et l’action qu’elle a menée entre 1936 et 1939.

La présence de certain-e-s réfugié-e-s espagnol-e-s en exil n’y est pas non plus pour rien. Plutôt que de reprendre le sigle CGT-SR (Syndicaliste Révolutionnaire), scission de la CGT-U créée en 1926 mais interdite en 1939 par le régime de Vichy et les nazis, ils et elles ont opté pour celui de CNT.

L’adjectif nationale recouvrait en fait une réalité spécifique à l’Espagne où le découpage en régions était très fort.

En créant la CNT espagnole, les ouvriers-ières de ce pays entendaient signifier leur refus des régionalismes, synonymes à l’époque de réaction, les ouvriers-ières se sentant membres d’une communauté plus vaste.

Nous sommes donc loin de l’exaltation d’un sentiment national.

Pour nous, nul relent de nationalisme ou de patriotisme.

Ce n’est pas à la CNT que l’on chantera la Marseillaise.

Nationale décrit simplement notre champ d’action géographique.

Par ailleurs, la CNT se réclame de l’esprit de l’Association Internationale des Travailleurs (AIT), organisation créée en 1864 et plus connue sous le nom de Première internationale . La CNT œuvre activement au niveau international (actions de solidarité, échange d’infos, luttes et manifestations internationales…) pour démontrer que les travailleurs-ses n’ont ni patrie ni pays.

Travail ?

Autre source d’étonnement pour certaines personnes ne nous connaissant pas ou peu. Le mot travail ne signifie pas que nous ne syndiquons pas les chômeur-ses, les retraité-e-s, les lycéen-ne-s, les étudiant-e-s.

Au contraire, ce sont pour nous des travailleurs-euses soit en formation, soit au repos, soit à la recherche de travail.

Le mot travail ne correspond pas non plus à une mise en avant du travail comme valeur morale (au sens où d’autres, aux antipodes de nos conceptions, l’ont fait avec leur Travail, Famille, Patrie ).

En fait le terme Travail a été choisi à la place du mot Travailleurs parce qu’il marque notre appartenance à un camp : celui du Travail, par opposition à l’autre camp, celui du Capital.

Le chat, le drapeau rouge et noir

Profitons de cette page pour dire quelques mots de l’image du chat, souvent associée au sigle CNT…

Avec le drapeau rouge et noir (inventé par la CNT espagnole à l’occasion du 1er mai 1931 à Barcelone), le dessin représentant un chat noir – hérissé et toutes griffes dehors – est l’un des deux principaux symboles de l’anarcho-syndicalisme et du syndicalisme révolutionnaire.

Les origines de ce symbole ne sont pas claires mais, selon une anecdote, il proviendrait d’une grève menée aux USA au début du XXe siècle par les IWW (Industrial Workers of the World).

Alors que plusieurs militant-e-s étaient tabassé-e-s et conduit-e-s à l’hôpital, un chat noir maigrelet s’installa dans le campement des grévistes. Ces derniers-ières nourrirent le chat qui reprit force à mesure que la grève tournait en faveur des travailleurs-euses. Finalement, les travailleurs-euses virent quelques-unes de leurs demandes satisfaites et adoptèrent le chat comme mascotte.

Le chat noir a été dessiné pour la première fois par Ralph Chaplin, militant des IWW. Comme sa position le suggère, il symbolise le combat et par extension le syndicalisme de lutte.

De plus, dans l’imaginaire collectif, le chat est souvent associé aux idées de liberté et d’indépendance.